Explosion des arnaques à l'africaine sur Internet
Des milliers d'internautes sont la cible d'escroqueries extravagantes. Plus de 150 gendarmes « N'tech » préparent la riposte.
L'ARNAQUE, redoutable, commence de façon courtoise. Son scénario est
inspiré de contes droits venus du continent noir. Le préambule, « strictement confidentiel », accroche l'oeil dans les messageries e-mail. La suite verse dans le baroque délirant. Exemple : « Je souhaiterais votre aide pour l'exécution d'une opération financière, écrit ainsi une dénommée Mariam Musa disant vivre à Abdijan. J'ai 7,5 millions de dollars hérités de mon père, que je désire investir. Je voudrais bien solliciter votre aide en recevant ces fonds sur votre compte ou un compte ouvert à cet effet dans votre pays. En contrepartie, je vous cède 20 % de toute la somme comme commission et efforts que vous fournirez, si vous acceptez de m'assister. Que dieu vous bénisse. »
Des « pigeons » honteux
Si le gogo mord à l'hameçon, les arnaqueurs prennent contact. Par Internet puis par téléphone, pour convenir d'un rendez-vous. Motif : virer les fonds pour des « frais de douanes » fictifs ou de prétendus « pots-de-vin » à verser à des responsables politiques. « Les aigrefins demandent alors à leurs victimes d'indiquer leurs références bancaires afin de simplifier les transferts de capitaux ou de diamants, explique le capitaine Malo, du Bureau des affaires criminelles de la gendarmerie. Les escrocs promettent, en contrepartie, une commission moyenne d'environ 12 %. » Certaines victimes, mises en condition par des avocats véreux et des notaires de pacotille, sont invitées à se déplacer à l'étranger pour conclure la transaction. Sur place, une véritable mise en scène, avec prise en charge sous escorte et diplomates bidons, achève de convaincre les plus suspicieux. Contre toute attente, les « pigeons » sont composés d'entrepreneurs peu avertis ou de notables aveuglés par le gain. Honteux, peu déposent plainte après la supercherie.
Surnommée arnaque à la nigériane ou à la zaïroise, cette méthode est née au XVIe siècle sous l'appellation « captive espagnole » : elle consistait en l'envoi d'une missive provenant d'une personnalité d'un pays lointain qui prétendait avoir des ennuis avec la justice et cherchait de l'aide pour transférer ses fonds à l'étranger contre un pourcentage de sa fortune. Le stratagème a refait surface à la Révolution française sous la dénomination de « lettre de Jérusalem », les courriers émanant alors de riches prisonniers. Elle a pris le nom de SCAM 419 (scam pour « arnaque », le chiffre 4-1-9 correspondant à la section du Code pénal nigérian qui criminalise cette pratique) lors de la seconde moitié du XXe siècle. Les premiers réseaux nigérians utilisaient alors l'envoi massif de courriers postaux. Entre avril 1998 et novembre 1999, cinq millions de lettres venant du Nigeria ont ainsi été interceptées à l'aéroport JFK à New York. Faisant désormais des ravages sur Internet, où les escroqueries ont flambé de 121 % en un an selon la gendarmerie, la fraude s'est adaptée, via les spams et les piratages de listings, pour démultiplier le nombre de victimes.
Statistiquement, le taux de réponse serait supérieur à 1 pour mille. La diaspora noire ferait le reste. Certains analystes estiment que 18 000 escrocs servent de relais en Europe. Depuis mai dernier, 150 gendarmes baptisés « N'tech », dotés de 750 000 euros de matériel, collaborent à une nouvelle plate-forme de recoupements électroniques de courriers douteux. « Nous classons les magouilles par variantes avant de remonter aux auteurs grâce aux fournisseurs d'accès », explique le chef d'escadron Éric Freyssinet, expert en cybercriminalité. Mais les cerveaux sont retranchés à l'étranger et les interpellations, rares. Début juin, les militaires ont cependant appréhendé vers Dijon deux Nigérians mandatés par une héritière. Ils voulaient extorquer à un commerçant 10 500 euros de « frais de dossiers » pour récupérer, disaient-ils, 3,5 millions de dollars bloqués à Londres.
inspiré de contes droits venus du continent noir. Le préambule, « strictement confidentiel », accroche l'oeil dans les messageries e-mail. La suite verse dans le baroque délirant. Exemple : « Je souhaiterais votre aide pour l'exécution d'une opération financière, écrit ainsi une dénommée Mariam Musa disant vivre à Abdijan. J'ai 7,5 millions de dollars hérités de mon père, que je désire investir. Je voudrais bien solliciter votre aide en recevant ces fonds sur votre compte ou un compte ouvert à cet effet dans votre pays. En contrepartie, je vous cède 20 % de toute la somme comme commission et efforts que vous fournirez, si vous acceptez de m'assister. Que dieu vous bénisse. »
Des « pigeons » honteux
Si le gogo mord à l'hameçon, les arnaqueurs prennent contact. Par Internet puis par téléphone, pour convenir d'un rendez-vous. Motif : virer les fonds pour des « frais de douanes » fictifs ou de prétendus « pots-de-vin » à verser à des responsables politiques. « Les aigrefins demandent alors à leurs victimes d'indiquer leurs références bancaires afin de simplifier les transferts de capitaux ou de diamants, explique le capitaine Malo, du Bureau des affaires criminelles de la gendarmerie. Les escrocs promettent, en contrepartie, une commission moyenne d'environ 12 %. » Certaines victimes, mises en condition par des avocats véreux et des notaires de pacotille, sont invitées à se déplacer à l'étranger pour conclure la transaction. Sur place, une véritable mise en scène, avec prise en charge sous escorte et diplomates bidons, achève de convaincre les plus suspicieux. Contre toute attente, les « pigeons » sont composés d'entrepreneurs peu avertis ou de notables aveuglés par le gain. Honteux, peu déposent plainte après la supercherie.
Surnommée arnaque à la nigériane ou à la zaïroise, cette méthode est née au XVIe siècle sous l'appellation « captive espagnole » : elle consistait en l'envoi d'une missive provenant d'une personnalité d'un pays lointain qui prétendait avoir des ennuis avec la justice et cherchait de l'aide pour transférer ses fonds à l'étranger contre un pourcentage de sa fortune. Le stratagème a refait surface à la Révolution française sous la dénomination de « lettre de Jérusalem », les courriers émanant alors de riches prisonniers. Elle a pris le nom de SCAM 419 (scam pour « arnaque », le chiffre 4-1-9 correspondant à la section du Code pénal nigérian qui criminalise cette pratique) lors de la seconde moitié du XXe siècle. Les premiers réseaux nigérians utilisaient alors l'envoi massif de courriers postaux. Entre avril 1998 et novembre 1999, cinq millions de lettres venant du Nigeria ont ainsi été interceptées à l'aéroport JFK à New York. Faisant désormais des ravages sur Internet, où les escroqueries ont flambé de 121 % en un an selon la gendarmerie, la fraude s'est adaptée, via les spams et les piratages de listings, pour démultiplier le nombre de victimes.
Statistiquement, le taux de réponse serait supérieur à 1 pour mille. La diaspora noire ferait le reste. Certains analystes estiment que 18 000 escrocs servent de relais en Europe. Depuis mai dernier, 150 gendarmes baptisés « N'tech », dotés de 750 000 euros de matériel, collaborent à une nouvelle plate-forme de recoupements électroniques de courriers douteux. « Nous classons les magouilles par variantes avant de remonter aux auteurs grâce aux fournisseurs d'accès », explique le chef d'escadron Éric Freyssinet, expert en cybercriminalité. Mais les cerveaux sont retranchés à l'étranger et les interpellations, rares. Début juin, les militaires ont cependant appréhendé vers Dijon deux Nigérians mandatés par une héritière. Ils voulaient extorquer à un commerçant 10 500 euros de « frais de dossiers » pour récupérer, disaient-ils, 3,5 millions de dollars bloqués à Londres.
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SOURCE: www.lefigaro.fr
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