Commençons par observer la séquence. Acte premier : dimanche matin. En dépit des graves événements qui secouent l'Egypte, Le Journal du dimanche choisit de consacrer la plus grande partie de sa 'une' à 'La grande épreuve' de Jacques Chirac. Deux pleines pages à l'intérieur, où l'on apprend que, 'devant un proche', Bernadette Chirac 'a prononcé le mot d'Alzheimer'. Le mot est lâché, la question de la participation de l'ancien président la République à son procès, qui doit débuter le 7 mars, est posée. Dans ce même JDD, Jean-Luc Barré, qui assiste Jacques Chirac dans l'écriture du deuxième tome de ses Mémoires, précise que l'ouvrage paraîtra en mai ou en juin. Il assure n'avoir jamais 'pris en défaut sa lucidité et l'acuité de son jugement'.
Acte II : lundi matin. Sur Europe 1, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, Bernadette Chirac se dit 'scandalisée' par l'enquête du JDD. 'Les médecins lui ont dit qu'il n'a pas la maladie d'Alzheimer, déclare-t-elle. Je les crois. Si mon mari souffrait de cette maladie, je n'hésiterais pas à le dire.' Cela dit, ajoute-t-elle, 'il a des difficultés de marche, de temps en temps, et d'audition. Il a parfois des troubles de mémoire, et, à certains moments, il peut faire la preuve d'une forme d'impatience, même si, à mon égard, cela ne présente pas, hélas, un caractère de nouveauté'. Quasiment au même moment, Me Jean Veil, l'un des avocats de Jacques Chirac, demande au tribunal un 'sursis à statuer'. En clair, d'attendre pour juger Jacques Chirac que le tribunal administratif se soit prononcé sur la requête d'une association de lutte contre la corruption qui a décidé de se constituer partie civile dans le procès. La réponse du tribunal correctionnel ne tarde pas : l'audience débutera bien à la date prévue.
Acte III : lundi à la mi-journée. Des reporters de BFM TV abordent l'ancien président devant son domicile parisien. Fort courtoisement, ce dernier s'approche de la caméra : 'Je vous donne l'impression de ne pas aller bien ? Je me porte très bien, je vous remercie. Je vous souhaite de vous porter aussi bien.' Il fait mine de s'éloigner : 'Rien d'autre de particulier ? Bonne après-midi, bonne journée. Restez pas dehors, il fait froid, vous avez peut-être remarqué...' Du pur Chirac... La suite sur lemonde.fr