Que se passerait-il si tous les pays du monde utilisaient la même monnaie ?
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Voici des éléments de réponse à cette question difficile dans l'entretien avec Nicolas Marmagne, CEO de XO Investments.
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Quel regard portez-vous sur la situation macro-économique actuelle?
Nous faisons l’expérience, à bien des égards inédite, d’un choc de demande gigantesque, auquel des réponses monétaires d’une ampleur au moins aussi importante ont été apportées de la part des gouvernements et des banques centrales. Le Fed, dont le bilan s’est apprécié de 3000 milliards en quelques semaines, pourrait voir son bilan atteindre 10 trilliards de dollars d’ici la fin de l’année. Des chiffres vertigineux, et ce n’est que le début: de nouvelles injections de liquidité seront nécessaires, toujours plus importantes, qui vont guider les prochaines années. Tant il est vrai que les marches monétaires réagissent aux apports de liquidités comme à une drogue: il leur en faut toujours pour atteindre le même niveau de satisfaction.
Le problème majeur que pose cette croissance artificielle des marchés monétaires tient à ce qu’elle nourrit celle, tout aussi faussée, des marchés financiers, telle qu’on a pu la constater ces trois derniers mois. Une croissance sans fondement économique tangible ni solide, la confiance des entrepreneurs restant en berne en écho aux difficultés que traversent une majorité d’entreprises. Une décorrélation s’est installée entre marchés et l’économie réelle.
Des millénaires d’histoire nous ont enseigné que ces injections
n’ont jamais les effets positifs espérés, à long terme.
Pourquoi cette décorrélation?
Parce que les banques centrales sont intervenues sous la pression des Etats, au mépris total de l’indépendance qui sous-tendait leur raison d’être. Car, rappelons-le, les banques centrales, créées entre le 17e siècle (Bank of England en 1694) et le début du 20e siècle (BNS en 1906, Fed en 1913), avaient acquis le monopole de l’émission des billets. De telles autorités monétaires indépendantes avaient été conçues à l’origine pour garantir que les gouvernements ne puissent échapper à tout contrôle pour engager des dépenses, financer une guerre par exemple. Aujourd’hui, force est de constater que nous sommes revenus à la situation d’avant la création des banques centrales: la BoE finance directement le Trésor britannique et toutes ses homologues de l’OCDE impriment de manière illimitée de l’argent. Cette création erratique de monnaie engendre un excès de liquidités qui, à son tour, alimente un excès de dettes. Une spirale que l’on connaît depuis 2008, et dont on sait qu’elle est sans fin… à ce jour.
Peut-on sortir de cette spirale?
L’année dernière, «l’argent magique» n’existait pas, selon Emmanuel Macron. Tout se passe comme si la crise actuelle démontrait le contraire En 2008, un trilliard a été injecté pour sauver les banques de la faillite, aujourd’hui ce sont déjà 3 trilliards, sans que personne ne s’en émeuve. Or, des millénaires d’histoire nous ont enseigné que ces injections n’ont jamais les effets positifs espérés, à long terme. L’histoire économique est un éternel recommencement. Il est fort peu probable que ces politiques monétaires incontrôlées ne nous permettent de sortir de la spirale de la dernière décennie. Einstein disait: «la folie, c’est de se comporter de la même manière et d’attendre un résultat différent». Tout au mieux contribueront-elles à modifier la géopolitique, les rapports de force et dominations entre différentes zones monétaires.
Est-ce à dire que nous vivons-nous la fin du dollar comme monnaie de référence?
De la même façon que la livre, monnaie phare du 19e siècle en lien avec la puissance de l’empire britannique et l’utilisation du charbon, a cédé le pas au dollar entre les deux premières guerres mondiales, le dollar est en train de perdre la place qu’il occupait depuis que le pétrole et la convertibilité pétrodollar régissent nos économies. Chaque période de l’histoire est dominée par une monnaie de référence et le temps de l’euro et du dollar pourrait être proche de sa fin. Ces monnaies se déprécieront une nouvelle monnaie de référence émergera. Vu les développements technologiques il ne s’agira vraisemblablement pas d’un métal précieux qui servira de support à cette monnaie, mais plutôt d’une matière première ou de plusieurs matières premières liée aux énergies renouvelables. La Chine, la Russie, l’Australie et des pays Africains pourraient compter dans un système multilatéral où les Etats-Unis ne seraient qu’un acteur parmi d’autres.
Dans ce contexte, quels actifs privilégiez-vous?
Les métaux précieux. Le grand avantage de ces métaux tient, dans un environnement potentiellement inflationniste sinon hyper-inflationniste, à leur capacité à transférer du pouvoir d’achat au-delà de l’évolution des tendances macro-économiques et des marchés financiers. L’or en est le meilleur exemple qui, sans aucune garantie de rapporter de l’argent, permet en revanche de conserver le même pouvoir d’achat qu’hier. Il n’est que de se rappeler que le prix d’un beau costume en 1971 s’élevait à 35 dollars, le prix de l’once d’or d’alors, lesquels permettent aujourd’hui d’acheter un T-Shirt. Aujourd’hui, l’once d’or vaut 1,800 dollars, valeur d’un beau costume comparable. Autrement dit, le prix du costume en once d’or n’a pas changé. On parle ici d’un actif – et les autres métaux précieux comme l’argent notamment – en lequel on peut avoir confiance dans cet environnement de liquidités délétère, qui ne peut que mener à une trappe de liquidité.
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Quora.fr
Slimane azayri
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