ZARKANZAR: Pour quelle(s) raison(s) la politique de la Russie de Poutine est-elle si agressive ?

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Pour quelle(s) raison(s) la politique de la Russie de Poutine est-elle si agressive ?

 Ce qui est important de rappeler, c'est que quand Poutine est arrivé au pouvoir en 2000, il faisait relativement "profil bas" face à l'OTAN car la Russie était encore très affaiblie depuis la chute de l'URSS. Elle n'avait plus grand-chose de la superpuissance qu'elle avait été.

De plus, cette même année, la Russie perdait le sous-marin Koursk, ce qui n'a rien arrangé à son prestige international (et aux affaires de Poutine). Et pour couronner le tout, le pays était pris dans des conflits sur son propre territoire, notamment la guerre de Tchétchénie.

De leur côté, l'Occident et particulièrement les USA étaient au contraire plus puissants et plus prospères que jamais, sans rival sérieux.

Reconstitution de la puissance militaire russe

Avec Poutine, la Russie a renationalisé son secteur énergétique, reconstruit son armée et réinventé ses doctrines d'intervention.

Et depuis quelques années, le pays utilise aussi les échecs des Occidentaux (Irak, Syrie, Afghanistan…) pour discréditer ouvertement leur modèle libéral et les défier de nouveau sur la scène mondiale.

En 2008, l'intervention russe en Géorgie préfigurait déjà en quelque sorte les interventions suivantes en Ukraine puisqu'elle servait en outre à marquer un coup d'arrêt à l'expansion de l'OTAN et à réaffirmer la domination de la Russie dans l'ancien espace soviétique.

En 2014, l'annexion de la Crimée et la déstabilisation du Donbass ont révélé ses nouvelles capacités et ambitions.

Influence russe étendue à de nouveaux territoires

Poutine a su aussi profiter du retrait des Occidentaux, notamment la décision prise par Barack Obama en 2013 de ne pas intervenir en Syrie suite à l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad[1].

(L'utilisation des armes chimiques constituait en effet la ligne rouge à ne pas franchir pour le régime.)

Cette décision américaine a été prise comme un acte de faiblesse par Poutine, ce qui l'a donc encouragé à prendre position en Ukraine en 2014 et, l'année suivante, même au-delà de la sphère d'influence traditionnelle de la Russie.

C'est ainsi que Poutine a sauvé en 2015 le régime syrien en déployant son aviation et en recourant à des sociétés militaires privées comme le fameux groupe Wagner, qui intervient aujourd’hui dans plusieurs pays africains.

Retour en force de la Russie

Dans les années 2000, la Russie cherchait surtout à regagner un bon prestige international grâce à la reconstitution de son armée. Dans les années 2010, elle a étendu son influence sur de nouveaux territoires, de la mer de Barents à la Méditerranée occidentale. À l'automne 2020, elle est intervenue au Haut-Karabagh pour mettre fin au conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

On voit donc que depuis le premier mandat présidentiel de Poutine en 2000, la Russie a vraiment repris du galon sur la scène mondiale. C'est de nouveau une grande puissance avec laquelle il faut compter.

Une des forces de la Russie, c'est sa capacité à agir dans tous les niveaux de conflit, de l'opération coup de poing à la dissuasion nucléaire en passant par les bombardements aériens, les missions à long rayon d'action et les cyberattaques. Peu de pays en sont vraiment capables.

Les faiblesses de la Russie

Malgré tout, il faut préciser que la Russie de Poutine reste nettement moins puissante que l'URSS de Staline. Si c'est probablement toujours une redoutable puissance militaire, elle demeure bien plus faible que les USA et l'UE sur le plan économique.

C'est d'ailleurs pour ça que la Russie a intérêt à se rapprocher d'autres grandes puissances, notamment la Chine, qui n'ont pas non plus d'excellentes relations avec l'OTAN.

(Pékin soutient diplomatiquement la position actuelle de Moscou dans la crise ukrainienne, sans y prendre part pour autant.)

Mais précisons aussi que, même si la Russie et la Chine ont des rivaux communs et sont d'importants partenaires économiques, c'est difficile de parler vraiment "d'alliance sino-russe", contrairement à ce qu'on entend parfois.

En effet, Russes et Chinois restent méfiants les uns envers les autres, surtout les premiers. Le Kremlin est notamment très prudent quand il s'agit des technologies numériques chinoises que les administrations et l’armée russe rechignent à utiliser[2].

Agression ou défense de la part de Poutine ?

Les actions de Poutine ont incontestablement une bonne part d'agressivité. Mais du point de vue de Moscou, c'est juste un moyen de renforcer ses défenses exposées. Et si on veut être honnêtes, il faut reconnaître qu'il y a aussi du vrai là-dedans.

En effet, les Russes n'ont pas tout à fait tort de dire qu'après la chute de l'URSS, on ne les a pas très bien traités. Les Occidentaux, notamment les USA, ont profité de la faiblesse russe pour étendre l'OTAN à l'Europe de l'Est et même à d'anciennes républiques soviétiques, après avoir promis le contraire.

L'Occident a continué d'ignorer les intérêts russes au Moyen-Orient, attaqué l'Irak sous de faux prétextes et, dans l'ensemble, indiqué à la Russie qu'elle ne pouvait compter que sur sa puissance militaire pour protéger sa zone d'influence des incursions occidentales.

Le Kremlin qui jette de l'huile sur le feu

Il n'empêche que la Russie aggrave aussi délibérément les choses. Par exemple, Poutine a récemment promis la "désescalade" des tensions en Ukraine. Mais ce n'est pas vraiment ce qu'on observe actuellement, et il y est pour beaucoup là-dedans.

Il souffle sur les braises, par exemple en reconnaissant les régions séparatistes pro-russes, y envoyer des troupes ou en réécrivant l'Histoire sous un angle qui l'arrange[3], notamment quand il affirme que l'Ukraine (dans son intégralité) n'a jamais été vraiment une nation souveraine et a toujours fait partie de la Russie, allant même jusqu'à évoquer un "génocide" des russophones au Donbass.

(Que va faire Poutine ?)

Évidemment, c'est très difficile de connaître les vraies motivations de Poutine car on n'est pas dans sa tête et c'est un dirigeant vraiment imprévisible.

Mais on peut quand même penser qu'il cherche à préserver son propre régime, ce qui est logique. Et pour cela, il a intérêt à s'opposer à la libéralisation ou "l'occidentalisation" des pays situés aux portes de la Russie, surtout si ce sont d'anciennes républiques soviétiques, et encore plus si ces pays souhaitent intégrer l'OTAN.

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