A l’heure où se danse la valse des entraîneurs dans notre belle Ligue 1, le mot d’ordre semble être : « du jeu! »… Les intentions des clubs sont claires, il faut du spectacle, des équipes portées sur l’attaque et l’ambition de devenir le « Barça de son département ». Par contre, aucune véritable prise de risque, pas d’inventivité, pas vraiment de nouvelles têtes. Pourtant, les plus belles pages de l’Histoire du foot ont parfois été tournées par des mecs venus de nulle part avec une conception inédite de faire bouger une équipe. Petite sélection des gens qui ont su concevoir leurs équipes comme un système.
1. Rinus Michel : le petit Marinus avait tout pour finir avec sa statue à Amsterdam : né là-bas, il entre en cours de match avec l’Ajax et claque un quintuplé. Après 12 saisons comme joueur au club, Rinus devient coach et invente le football total. L’Ajax est au sommet de l’Europe, Barcelone l’embauche pour découvrir les joies du beau jeu et les Oranje illuminent la Coupe du Monde 1974. Il doit y avoir une église St Rinus à Amsterdam pour l’entraîneur du 20e siècle selon la FIFA…
2. Fabio Capello (AS Rome) : Maître Capello a été champion dans tous les clubs où il est passé, et découvre les joies de l’échec grassement rémunéré actuellement avec la sélection britannique. L’Italien s’est fait connaître pour ses principes de jeu défensif mais a réjoui toute l’Europe avec une équipe de chevelus aux maillots serrés qui emportaient tout sur leur passage, Totti, Batistuta, Candela ou Tommasi sont alors au sommet de leur gloire.
3. Arigo Sacchi : quand Arigo débarque chez les Rossoneris, les journalistes notent qu’il a moins d’expérience sur les terrains que son président, Berlusconi ayant évolué dans les ligues amateurs dans sa folle jeunesse. A force de faire coulisser les lignes, de combiner l’animation offensive hollandaise avec une défense commandée par Baresi et de remporter tout ce qu’on peut lui offrir comme titre, Sacchi devient un demi-dieu et rappelle au monde entier que l’Italie est le pays des coachs.
4. José Arribas : José, exilé pendant la guerre d’Espagne, aurait été refoulé des côtes françaises à Bordeaux. Les Girondins sont vraiment les rois du recrutement. Il a manqué un nom un peu plus universel au jeu prôné par Arribas pour qu’il fasse plus largement école. Le « Jeu à la Nantaise » était pourtant une belle tradition qu’on aimerait bien retrouver, en Loire Atlantique comme dans toute la France. « Vitesse, Technique et Intelligence ». De quoi d’autre a-t-on besoin ?
5. José Mourinho : l’avènement de Barcelone au Panthéon des plus grandes formations de l’Histoire a fait du meilleur ennemi des Catalans l’un des plus charismatiques « méchant » du football : conférences de presse endiablées, un melon monstrueux et théories du complot, rien ne fera oublier que ce type a envoyé Porto au sommet de l’Europe, Chelsea au sommet de la Premier League et le Barça chez lui à l’issue d’une demi-finale de C1 tactiquement lumineuse (mais ô combien emmerdante). José est un mauvais génie, mais un génie quand même.
6. Alex Ferguson : Sir Alex a une carrière monumentale, des titres à la pelle et a montré une capacité à renouveler sans cesse son effectif, de Steve Bruce à Chicharito. Mais c’est surtout le fait d’avoir balancé une godasse dans l’arcade de David Beckham en 2003 dans le vestiaire qui vaut à Ferguson sa place dans ce top. Passer trop de temps avec Cantona, ça forge le caractère.
7. Helenio Herrera (Inter Milan) : les origines du Catenaccio sont obscures : un Français aurait inventé ce système dans les années 1920, ce serait devenu le « Verrou Suisse » un peu plus tard… Ce qui est sûr, c’est que cette défense à 5 a fait recette sous la direction du franco-argentin Herrera à la grande époque de l’Inter. Oui, l’Inter a gagné des trucs avant Mourinho.
8. Arsène Wenger : « Arsène Who? » titraient les canards de la Perfide Albion quand Wenger reprend en main l’escouade de bourrins et d’alcooliques que l’on appelle alors les Gunners. En quelques années, Arsenal devient le club le plus séduisant d’Europe, combinant jeunesse, vitesse et technique. Qu’est ce qu’il devient Nigel Winterburn?
9. Guus Hiddink : une carrière de mercenaire débutée pendant ses années de joueurs (le bonhomme a tapé la balle pour les Washington Diplomats, quand même…) et poursuivie comme sorcier dans des sélections improbables : « Guus » signifie « Gloire » en coréen, « Miracle » en russe et « espoir » en turc. Et bientôt « intérim » dans l’argot londonien du quartier de Chelsea.
10. Louis van Gaal : Aloysius Paulus Maria van Gaal a su se construire une réputation de tyran. Mais là où les caractériels de Ligue 1 fracassent des bancs de touches ou s’en prennent aux journalistes, le Pélican fait renaître le grand Ajax, gagne quelques titres avec le Barça et tire le meilleur de Ribéry et de Robben à Munich. Le genre de mec qui fait descendre les joueurs du bus. On a son numéro à la FFF?
Et vous, quel entraîneur vous a convaincu qu’un match peut se gagner depuis le banc?
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Crédits photo (creative commons) : Austin Osuide
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