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L'homme qui valait 5 milliards

Pauvres banquiers : nous les croyons si riches quand leurs modestes émoluments sont désormais contraints par de nouvelles législations qui entendent les soumettre à l'approbation de leurs actionnaires, tandis que d'autres se pavanent hors de si désolantes entraves et sans que quiconque leur en tienne rigueur. Prenez le cas de John Paulson. Alors que son homonyme Henry, ex-PDG de Goldman Sachs et secrétaire au Trésor de George Bush, entrait dans la postérité à l'automne 2008 en refusant de sauver la banque d'affaires Lehman Brothers, suscitant ainsi la plus grande crise financière de l'ère contemporaine, John, pendant ce temps, continuait de mener ses juteuses affaires à la tête du hedge fund (fonds spéculatif) portant modestement son nom, puisqu'il en est le créateur : Paulson & Co.
L'année précédente, alors que le nouveau PDG de Goldman, Lloyd Blankfein, était admiré par ses homologues pour avoir perçu une prime annuelle record de 68 millions de dollars, John Paulson, lui, en avait engrangé 3,8 milliards. On écarquille bien les yeux, on laisse s'installer l'information dans son cerveau - un homme a gagné, pour lui tout seul, près de 4 milliards en une seule année - et on n'a pas le temps de laisser reposer que, déjà, un nouveau chiffre apparaît. En 2010, une fois la crise financière passée, John Paulson a fait mieux : des milliards de dollars, il en a gagné plus de 5. Pour bien comparer le niveau d'émoluments entre le numéro un de la spéculation financière et un trader, il suffit d'indiquer que Goldman Sachs, la même année, a mis de côté la somme de 8,35 milliards de dollars pour payer les bonus de ses... 30 000 salariés. La suite sur lemonde.fr