ZARKANZAR: Amma a serré dans ses bras 29 millions de personnes, dont moi

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Amma a serré dans ses bras 29 millions de personnes, dont moi

« Monsieur, veuillez enlever vos chaussures s'il vous plaît ! » L'ordre est ferme, mais courtois. A l'entrée du parc des expositions de Pontoise, un homme en
sari blanc veille à ce que chaque nouvel entrant se mette en chaussettes avant de pouvoir parcourir les 6 000 m2 totalement dédiés à la venue de celle qu'ils attendent tous : Amma. Notre reporter s'est fait câliner.
Amma, vous la connaissez ? Non ? Alors vous ne faites pas partie des millions de personnes que cette Mahatma indienne a déjà enlacées à travers le monde. La dame de 57 ans, considérée comme une divinité en Inde, parcourt son pays et le monde depuis plus de trente ans afin de diffuser son message d'amour et faire connaître son ONG « Embracing the world ». Elle est en France à Pontoise (Val d'Oise) depuis dimanche jusqu'à ce mardi soir. En trois jours, elle aura câliné environ 20 000 adeptes et curieux.
Calmement, les nouveaux arrivants intègrent une longue file d'attente permettant d'obtenir le ticket tant désiré : celui qui leur permettra d'être recueillis quelques secondes dans les bras de cette étonnante femme.
Cet acte si particulier qu'ils attendent tous, c'est le « darshan », l'étreinte. A la manière dont l'exprime Anne-Charlotte Beck, bénévole :
« En prenant les gens dans ses bras, Amma diffuse physiquement son message d'amour, de douceur, d'apaisement et de service aux autres.
C'est quelque part l'expression des qualités maternelles qu'elle aimerait que l'on développe tous. » (Voir la vidéo)




La patience est la première des vertus permettant d'accéder à cesqualités maternelles. Marie-Josée et Eléonore, toutes deux la cinquantaine passée, sont déjà venues dimanche. En vain :
« On est arrivé plus tôt aujourd'hui, à 10 heures. On espère pouvoir passer vers 17 ou 18 heures. »
Lundi, elle a serré 6 000 personnes dans ses bras. Non-stop. (Voir la vidéo)


Du village de pêcheurs à l'ONG d'envergure mondiale

La biographie d'Amma, c'est l'histoire d'une petite fille pauvre, née dans un village de pêcheurs du sud de l'Inde au début des années 50. Très vite, l'enfant se révèle particulièrement attentive aux plus démunis. Elle tente de les réconforter, tant bien que mal, matériellement et physiquement, en les prenant dans ses bras.
A l'époque, un tel comportement est une honte pour toute sa famille : une jeune fille indienne ne doit pas toucher d'autres personnes, encore moins celles appartenant à une autre caste.
A 20 ans, l'aura que dégage la jeune femme apparaît comme considérable : on vient de plus en plus loin pour la rencontrer et une communauté de disciples s'établit à ses côtés. Progressivement, elle va être adorée pour le divin qui émane d'elle, pour être finalement considérée comme un Mahatma (« celui qui possède une grande âme »), au même titre que Gandhi.

« Cette question n'est pas très intéressante, posez-en une autre »

A peine arrivé, les interactions entre la presse et Amma se révèlent très calibrées : si l'occasion se présente, le journaliste a la possibilité de lui poser un maximum de trois questions. Elle y répond tout en continuant d'enlacer ses fidèles. Les questions sont cadrées.
Pour l'exemple, j'ai tenté de comprendre ce que cela représentait physiquement d'étreindre un si grand nombre de personnes depuis autant d'années. Si cela n'occasionnait pas des douleurs. La réponse du service presse ne s'est pas fait attendre :
« Cette question n'est pas très intéressante, posez-en une autre. Au sujet de son ONG peut-être ? »
Autant vous dire que cela refroidit.
Par contre, ce qui réchauffe beaucoup plus, c'est l'étreinte de cette petite femme. Abstraction faite de toute démarche spirituelle, religieuse ou autre, pour avoir été pris dans ses bras, il se dégage d'elle une chaleur physique et humaine étonnante. Il en va d'ailleurs de même pour son sourire.

3 000 bénévoles et une quête de sens

En pleine tournée européenne pour diffuser son message et faire connaître ses actions, Amma est accompagnée en permanence de 200 bénévoles qui la suivent durant plus d'un mois et demi, à leurs frais -entre 1 500 et 2 000 euros pour toute la durée du tour.
A ce nombre, il faut ajouter celles et ceux qui rejoignent ponctuellement l'équipe afin de réguler la logistique générale de l'évènement. Epluchage des légumes, cuisine, plonge, sécurité, accueil, vente de divers objets : sur les trois jours, près de 3 000 bénévoles se succèdent à ces divers postes. Une fourmilière dans la ville.
Il n'est d'ailleurs pas rare de voir des pancartes circuler à travers les allées afin de recruter du personnel pour les postes vacants. Pour Mathieu Labonne, un autre bénévole :
« Ce sont tous ces bénévoles qui permettent à l'ONG de fonctionner et de monter des projets importants. Ici, c'est très ouvert, tout le monde peut participer, que ce soit une fois comme ça, ou plus.
“Embracing the world” est essentiellement active dans les domaines de l'éducation, l'écologie, la santé, la situation des femmes et l'enseignement. Elle a d'ailleurs été très active lors du tsunami. »
Tous ces gens, bénévoles ou non, recherchent une multitude de choses à travers la venue d'Amma. La volonté de se rendre utile, la recherche d'une certaine sérénité ou de la paix intérieure : il existe autant de motivations que de personnes.
Et pourtant, après avoir conversé avec de nombreuses personnes sur place, une phrase, toute simple, est revenue sans cesse :
« Si je viens aussi ici, c'est parce que je cherche à donner du sens à mon histoire. »
Une bénévole recherche des volontaires pour couper des légumes, à Pontoise, le 25 octobre (Sylvain Malcorps/Rue89).

Photo : une bénévole recherche des volontaires pour couper des légumes, au parc des expositions de Pontoise, le 25 octobre 2010 (Sylvain Malcorps/Rue89).
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SOURCE: www.rue89.com

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